unlabo.net

Dix Paroles Pour une Vie paisible

Ceux du Forbot : ebook à lire !
Accueil Contacts Téléchargement

Liens

Plan du site Ebooks


Table des matières


Chapitre précédent

Chapitre suivant


DEUXIEME PARTIE :

Les Dix Commandements à travers la Bible

4. Le repos hebdomadaire : gloire divine et respect de l'œuvre.

Te rappelant le jour du Sabbat à sanctifier, tu travailleras six jours et feras tout ton ouvrage, mais le septième jour est un sabbat pour YHWH, ton Dieu. Tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes, car en six jours, YHWH a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais le septième jour, il s'est reposé. C'est pourquoi YHWH a béni le jour du Sabbat et l'a consacré.

(Exode 20.8-11)

Signification du Sabbat

Jour de repos hebdomadaire, le Sabbat est aussi un mémorial, une célébration de la création, "car en six jours, YHWH a fait...". Semaine après semaine, l'homme va donc se souvenir de l'œuvre de Dieu, c'est à dire de ce qui a été créé et de ce qui sera. Le projet de Dieu est, en effet, plus vaste que la création qui, en elle-même, n'est qu'un "commencement" :

Dieu acheva au septième jour son travail qu'il faisait. Il cessa au septième jour tout son travail qu'il faisait. Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, car alors il cessa tout son travail qu'il avait créé pour faire.

(Genèse 2.2-3)

Dieu acheva donc en cessant. Il n'est pas dit que le travail était fini. Au contraire, l'œuvre est plutôt présentée comme le début d'autre chose : "... il avait créé pour faire". Pour faire quoi ?

Au "commencement", il y avait le chaos (tohu-bohu). Dieu organisa et anima, puis, "il cessa". Or, "il avait créé pour faire". Que restait-il à faire ? Qu'était-ce donc ce pourquoi précisément il fit ?

Avant de s'arrêter, Dieu avait mis en place un système prévu, non seulement pour continuer à fonctionner, mais aussi pour se développer et il avait déjà instauré l'homme gestionnaire de son œuvre :

Dieu créa l'être humain à son image. A l'image de Dieu, il le créa. Mâle et femelle, il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : Fructifiez et multipliez. Remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur le poisson de la mer, sur l'oiseau du ciel, et sur tout être qui rampe sur la terre.

(Genèse 1.27-18)

Dieu avait donc déjà précisé le rôle de l'homme avant d'arrêter son œuvre créatrice. Par cette dernière, il a organisé et animé. Mais en organisant, il a ordonné : Il va falloir remplir, dominer et soumettre. Donc, si le travail de création à proprement parlé a été arrêté, l'œuvre de Dieu continuera par l'exécution des ordres qu'il a donnés aux créatures avant de s'arrêter de faire. La continuation de son projet est donc inhérente à la création dont elle est une émanation. En effet, l'action de créer appartient à Dieu et elle a été arrêtée. Par contre, en "dominant" et en "Soumettant", l'homme réalisera ce que Dieu attend de lui.

Sabbat signifie donc cesser et non samedi, jour de saturne. Le septième jour, Dieu "cessa" son action créatrice. Le "commencement' s'est donc achevé par le Sabbat (arrêt, chômage, repos). Mais Dieu "avait créé pour faire". Par le Sabbat, tout est en place pour que puisse se faire ce pourquoi Dieu a créé. L'aventure va commencer. L'homme va devoir agir et remplir la mission qui lui est confiée.

Ce jour sacré est donc, non seulement un mémorial de la création, mais aussi un rappel perpétuel de la situation privilégiée de l'homme et de ses obligations. L'humain est impliqué dans le projet divin, il ne peut donc aller à l'encontre de son destin qui passe par le respect de la Loi. Cette dernière va, petit à petit définir et préciser le contenu, les modalités et les limites de l'action de l'homme.

Ainsi, le Sabbat deviendra aussi le signe de l'alliance entre Dieu et le peuple élu :

YHWH dit à Moïse pour dire : Tu parleras aux fils d'Israël pour dire : Toutefois, vous observerez mes sabbats, car c'est un signe entre vous et moi pour que vos générations sachent que je suis YHWH qui vous sanctifie. Vous observerez le Sabbat, car, pour vous, il est sacré... Entre moi et les fils d'Israël, il est le signe perpétuel qu'en six jours, YHWH a fait le ciel et la terre et qu'au septième jour, il s'arrêta, il se reposa.

(Exode 31.12-17)

Israël doit commémorer l'arrêt de la création, car en le libérant d'Egypte, c'est lui que Dieu a choisi pour faire avancer son œuvre :

Tu te souviendras que tu étais esclave au pays d'Egypte. YHWH, ton Dieu t'a fait sortir de là d'une main forte et le bras étendu. C'est pourquoi YHWH, ton Dieu t'a ordonné de pratiquer le jour du Sabbat.

(Deutéronome 5.15)

Dieu a libéré le peuple élu en lui confiant une mission : d'abord comprendre et assumer la libération, puis devenir un peuple de "prêtres", c'est à dire transmettre aux nations la notion du Dieu unique et son but :

Si tu reviens Israël, oracle de YHWH, tu reviendras vers moi. Si tu enlèves tes ordures de devant moi et ne vagabondes plus, tu prêteras serment par la vie de YHWH dans la vérité, dans le droit et dans la justice, et les nations se béniront en lui et en lui se glorifieront.

(Jérémie 4.1-2)

Quand, au vu de la conduite d'Israël, l'humanité reconnaîtra Dieu et le bien-fondé de sa Loi, le Sabbat appartiendra à la terre entière. Il sera une louange à la gloire du créateur et une commémoration de son œuvre :

De nouvelle lune en nouvelle lune et de Sabbat en Sabbat, toute chair viendra se prosterner devant moi, dit YHWH.

(Esaïe 66.23)

Le Sabbat, jour de repos

Six jours, tu feras tes travaux, mais le septième jour, tu chômeras, afin que ton bœuf et ton âne se reposent et que les fils de ta servante et l'étranger reprennent leur souffle.

(Exode 23.12)

Le septième jour, tous doivent se reposer. C'est l'instauration de la semaine de six jours, probablement la première réglementation officielle du travail à tous les niveaux de la société. Le sabbat limite la charge de chacun, même des esclaves ! Pour le travailleur, il est un droit auquel le patron ne peut se dérober. De plus, face au Sabbat, tous les hommes sont égaux :

Le septième jour est un chômage pour YHWH, ton Dieu. Tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes afin que se repose ton serviteur, ta servante, comme toi-même.

(Deutéronome 5.14)

Parce ce que le septième jour est chômage pour Dieu, tu ne feras aucun travail pour que tous se reposent ! C'est à peu près comme si Dieu avait cessé son œuvre pour instaurer le repos du travailleur !

Certes, Dieu n'avait pas besoin de repos pour lui-même puisque tout lui est possible, mais en s'arrêtant de faire, il a laissé la création à un niveau accessible à l'homme, car ce dernier est limité dans ses possibilités. Il a besoin de reprendre son souffle. En fait, le créateur a organisé l'arrêt de son travail dans des conditions qui rendent humainement possible la mission de l'homme. En "cessant", Dieu est "descendu" de son infinitude et il appelle l'homme à "s'élever" vers lui. Voilà en quoi le sabbat est "consacré" en tant que lieu temporel de sainteté. Il est le moment privilégié pour s'élever vers Dieu dans une relation transcendante, car, par la Loi qui interdit tout travail, l'homme est, en effet, libéré des contraintes matérielles et devient, par conséquent, disponible au sacré.

Ne perdons cependant pas de vue que le commandement implique aussi le travail : "tu travailleras six jours faisant tout ton ouvrage" (Deut. 5.13). L'homme doit donc faire tout en six jours, mais il reste juge de ce qu'il a à faire. Dieu dit en effet : "ton travail" et non pas "le travail que je t'impose", ni même "ce que tu dois faire".

Le travail est pourtant indispensable :

Quiconque est nonchalant dans son travail est frère du destructeur.

(Proverbes 18.9)

La paresse plonge dans la torpeur et l'estomac du nonchalant a faim.

(Proverbes 19.15)

Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus !

(2Thessaloniciens 3.10)

Un peu dormir, un peu sommeiller, un peu s'étendre les mains croisées et la pauvreté viendra comme un rôdeur, la misère comme un homme en armes.

(Proverbes 24.33-34)

Il faut cependant conserver un juste milieu :

J'ai vu, moi, que tout le dur travail et tout le savoir-faire, c'est de la jalousie les uns envers les autres. Aussi, cela est vanité et poursuite de vent. L'insensé se croise les bras et mange sa propre chair. Mieux vaut le creux de la main de repos que de pleines poignées de travail et de poursuite de vent.

(Qohélet 4.4-6) 

Même pendant les moments très propices au travail, ou quand on a beaucoup à faire, il faut respecter le Sabbat et se reposer :

Pendant six jours, tu travailleras, mais le septième jour, tu chômeras. Même en période de labours ou de moissons, tu chômeras.

(Exode 34.21)

L'intérêt ne doit, en effet, pas supplanter la sainteté et ce en toutes circonstances. Mais le Sabbat est en plus un espace sacré spécialement sanctifié, c'est à dire empreint de Dieu, car il est aussi souvenir de la création et de la libération. En d'autres termes, il rapelle à la fois les limites imposées et l'appel a la transcendance que Dieu offre à l'humanité comme moyens d'épanouissement et d'accession au bonheur et à la paix.

En ce sens et pour cela, le jour de chômage est aussi un frein à l'expression de la convoitise et une limite tout autant à la productivité qu'à l'exploitation des travailleurs qui, pourtant, à l'époque, rappelons-le, étaient plus souvent des esclaves que des salariés.

Face à la célébration du Sabbat, c'est à dire à la fête, à la réjouissance, tous les hommes sont donc égaux, assujettis seulement à Dieu, le seul vrai maître et le seul vrai propriétaire.

Importance de la pratique du Sabbat

Le Sabbat est un signe d'alliance entre Dieu et son peuple. Son non-respect entraînerait donc la rupture du contrat, c'est à dire la fin de la protection divine, sans compter les effets de la colère du Dieu bafoué !

Ainsi parle YHWH : Gardez-vous ! Le jour du Sabbat, ne portez pas de fardeau pour les faire passer par les portes de Jérusalem. Ne transportez aucun fardeau hors de vos maisons. Le jour du Sabbat, n'accomplissez aucune besogne. Consacrez le jour du Sabbat comme je l'ai ordonné à vos pères. Ils n'ont pas écouté, n'ont pas tendu l'oreille. Ils ont raidi leur nuque pour ne pas entendre et ne pas recevoir l'enseignement. Si vous m'écoutez bien, oracle de YHWH, si, le jour du Sabbat, vous ne faites pas passer de fardeau par la porte de cette ville, tenant pour sacré le jour du Sabbat en ne faisant aucun ouvrage en ce jour, alors viendront aux portes de cette ville des rois et des chefs. Ils siégeront sur le trône de David... et cette ville restera habitée à jamais... Si vous ne m'écoutez pas pour consacrer le jour du Sabbat, pour éviter de porter des fardeaux et de franchir les portes de Jérusalem le jour du Sabbat, j'allumerai contre ses portes un feu qui dévorera les belles maisons de Jérusalem et ne s'éteindra pas.

(Jérémie 17.21-27)

Le Sabbat est donc le sceau de garantie de l'existence de Jérusalem, la ville où se trouve le temple de Dieu, celle qu'il a choisie pour résidence. Mais pour le peuple entier, son non-respect signifie, nous l'avons vu, une atteinte, non seulement a l'œuvre créatrice, mais aussi a l'élection par la libération et par conséquent au droit à la terre promise. Il n'est donc pas possible pour la société israélite d'admettre un seul cas de violation du Sabbat :

Les fils d'Israël étaient dans le désert. Ils surprirent un homme à ramasser du bois le jour du Sabbat. Ceux qui l'avaient surpris à ramasser du bois le présentèrent à Moïse, Aaron et toute la communauté. Ils le placèrent sous garde car on n'avait pas encore statué sur la peine à lui infliger. YHWH dit à Moïse : L'homme sera mis à mort, toute la communauté le lapidera hors du camp. Toute la communauté l'emmena hors du camp. Ils le lapidèrent et il mourut comme YHWH avait ordonné à Moïse.

(Nombres 15.32-36)

La Loi était stricte et précise :

Moïse rassembla toute la communauté des fils d'Israël. Il leur dit : Voici les paroles que YHWH a ordonné de pratiquer : Six jours, tu feras ton ouvrage, mais le septième jour sera pour vous sacré. Le Sabbat est un repos pour YHWH. Quiconque y fera de l'ouvrage mourra. Vous n'allumerez pas de feu en aucune de vos demeures le jour du Sabbat.

(Exode 35.1-3)

L'interdiction d'allumer du feu implique donc de ne pas cuisiner. Cet aspect alimentaire du repos hebdomadaire a d'ailleurs été appliqué par Dieu lui-même : il distribuait une double ration de la manne la veille du Sabbat, car le jour de repos, son prodige s'interrompait.

Par contre, la Loi prévoyait que des sacrifices soient offerts :

... et le jour du Sabbat, deux agneaux d'un an sans défaut, deux dixièmes de farine, offrande pétrie à l'huile et sa libation. Holocauste de Sabbat en Sabbat en plus de l'holocauste perpétuel et sa libation.

(Nombres 28.9-10)

Il s'agissait d'holocaustes et non de sacrifices de communion. L'animal était brûlé complètement sur l'autel en qualité de "met à l'odeur apaisante" offert à Dieu. Le feu de l'autel ne s'éteignait jamais. Il n'était donc pas nécessaire de l'allumer. De plus, l'holocauste ou le met consumé (partie du sacrifice) étaient, par le biais de "l'odeur apaisante", une forme de prière adressée à Dieu. Les sacrifices proprement dit étaient plutôt une sorte de communion dont une part revenait à Dieu (le met consumé), une part au prêtre et le reste était consommé sur place par le fidèle et les siens.

La Loi prévoyait un seul et unique lieu de culte. Il a fini par être installé à Jérusalem suite aux péripéties de l'arche qui ont été considérées comme l'expression de la volonté divine. Cependant, avant la réforme du roi Josias, les israélites ont quand même diversifié les lieux de culte, ce qui a favorisé le syncrétisme.

Après la déportation et la destruction du temple par les troupes de Nabuchodonosor, les synagogues ont fait leur apparition et les sacrifices, rendus impossibles ont été remplacés par la prière.

Une autre obligation marquait le Sabbat : La réunion sacrée ou rencontre solennelle avec Dieu :

Six jours, tu feras du travail et le septième jour, chômage, repos, assemblée sacrée. Vous ne ferez aucun travail. Le chômage, il est pour YHWH dans tous vos habitats.

(Lévitique 23.3)

La Torah raconte que pendant l'exode, Moïse parlait avec Dieu dans la tente de la rencontre. Tout le peuple se levait et se prosternait. Ensuite, un magnifique sanctuaire mobile a abrité l'arche de l'alliance. Cette dernière a été transférée à Jérusalem par le roi David jusqu'à ce que soit construit le temple sous Salomon.

Les bienfaits du Sabbat

Si pour le Sabbat, tu détournes ton pied de faire ton affaire en mon saint jour, si tu cries au Sabbat "délice", au sacré de YHWH "glorifiable", si tu le glorifie trop pour faire tes chemins, trop pour trouver ton intérêt et parler d'affaire, alors tu te délecteras de YHWH. Je te ferai chevaucher sur les hauteurs de la terre, je te nourrirai de la possession de Jacob, ton père, car la bouche de YHWH a parlé.

(Esaïe 58.13-14)

Encore une fois, la réalisation de la promesse de Dieu, c'est à dire son projet, est liée au respect du Sabbat. Ce dernier, parce qu'il est chômage, doit être un "délice", un jour de jouissance et parce qu'il est sacré, sanctifié par Dieu, il doit être glorifié. Autrement dit, le Sabbat procure la jouissance grâce à la grandeur de Dieu et à son geste de cessation qui le rend accessible à l'homme. C'est en ce sens qu'il est un moment privilégié pour l'élévation de l'être humain. Mais pour que cette transcendance soit possible, il faut que l'homme accepte de rompre avec le profane, c'est à dire avec les forces aliénantes de son être sorti du sol et esclave de sa condition. En cela, la cessation est libération et par elle, l'homme ainsi élevé se "délectera", trouvera la jouissance en Dieu et dans son œuvre, dans ce qu'Il Sera, c'est à dire dans sa promesse. Mais le projet de Dieu, ce qu'Il Sera, implique le respect de la Loi pour que s'accomplisse la promesse, c'est à dire la continuation, l'épanouissement de l'œuvre faite qu'est la création. Or, le but du projet n'est-il pas le bonheur de l'homme, et la Loi qui a pour étendard le Sabbat, le moyen d'y accéder ?

La Loi de YHWH est parfaite, elle restaure l'être. Le témoignage de YHWH est sûr, il rend sage le niais. Les sanctions de YHWH sont droites, elles réjouissent le cœur. Le commandement de YHWH est limpide, il éclaire les yeux. La crainte de YHWH est pure, elle subsiste à jamais. Les jugements de YHWH, la vérité, sa justice sont ensemble plus désirables que l'or, que quantité d'or fin ; plus doux que le miel, que le miel nouveau. Aussi, ton serviteur est averti par eux, à leur garde, il trouve grand profit.

(Psaumes 19.8-12)

Oui, la Loi est parfaite. Elle a pour phare le Sabbat. Souvenir des bienfaits et rappel des devoirs, ce dernier est à la fois la mémoire et l'espoir de l'homme. Il est, en effet, plus qu'une coutume religieuse, qu'une obligation dont il faut s'acquitter. Il est aussi l'expression de la volonté de l'homme de respecter son contrat dans sa participation au projet de Dieu en assumant la libération du Sinaï. En ce sens, il est source de jouissance et il conduit au bonheur.

Heureux ceux dont la conduite est intègre et qui suivent la Loi de YHWH. Heureux ceux qui observent ses édits et qui, de tout cœur, le cherchent... Mes lèvres ont énuméré toutes les décisions de ta bouche. A suivre tes édits, j'ai trouvé la joie plus qu'en toute richesse.

(Psaumes 119 1-2, 13-14)

Mais en plus d'apporter la jouissance des bienfaits du respect de la Loi, le Sabbat procure aussi des plaisirs qui, à première vue, n'ont aucun caractère religieux, mais qui font partie du bonheur inscrit dans le projet divin : Jour de chômage, il permet au travailleur de reprendre son souffle, au corps de se reposer. Jour de cessation, les liens des obligations quotidiennes sont rompus. On peut se laisser aller : pas de réveil, dormir et encore dormir, ou courir, ou rêver ; se détendre et penser en toute liberté ! Il est le jour de la famille : Les grands ne travaillent pas ; pas d'école pour les petits, pas de magasinage, rien ; aucune des obligations qui plissent le front des parents. La famille est disponible pour se regarder, s'écouter ; pour jouir du plaisir d'exister, pour mieux s'aimer. La ville est calmée, ses artères s'apaisent. Il n'y a pas d'heure de pointe. Les automobiles ne courent pas vers le rendez-vous toujours urgent. Les gens ne marchent pas d'un pas pressé, ils se promènent. "Non : Ne regarde pas l'affaire que tu pourras conclure en achetant... Vois ce pont, comme il est beau : "Tiens, je ne l'avais jamais remarqué..." Le jour est propice pour s'émerveiller de ce qui est, rencontrer des vrais amis et pas des relations d'affaire.

Le Sabbat et le culte

Le Sabbat est le jour de cessation de toutes les obligations. Il est aussi liberté pour la pensée, vacance pour rencontrer Dieu, c'est à dire pour aller au fond de l'ETRE et rêver de l'ESPERANCE. De plus, Dieu est un catalyseur pour les sociétés quand tous se retrouvent chez lui. De nos jours, il a tendance à devenir une relation personnelle ou limitée à des groupes relativement petits, sans plus impliquer la société dans son ensemble. Cette dernière ne se rencontre plus autour de l'autel pour la communion du sacrifice. Seuls des groupes liés par une interprétation commune des textes de la Loi se retrouvent encore dans les "réunions sacrées".

Actuellement, la communication entre les groupes et les individus passe par les médias. Au Sinaï, Dieu a parlé au peuple, mais ce dernier n'a pu supporter sa grandeur. Moïse a servi d'intermédiaire, puis les prophètes ont continué jusqu'à la rédaction et la diffusion du livre de la Loi, le premier média. Les interprétations ont alors commencé et, avec elles, les divergences. Du fait ce ces dernières devenues multiples, Dieu n'est plus une affaire de société, mais de groupes. Petit à petit, la religion est entrée dans le domaine privé. Il ne reste plus que des lambeaux de réunions sacrées. Est-ce là un phénomène compatible avec le projet de Dieu ? Nous l'avons vu, une conduite droite est préférable au culte. Mais où est la vérité ?

En plus de ce que Qohélet était un sage, il a encore enseigné la connaissance au peuple. Il a pesé, sondé, corrigé de nombreux proverbes. Qohélet s'est appliqué à trouver des paroles désirables, un écrit de droiture, des paroles de vérité. Les paroles des sages sont comme des aiguillons et comme des clous plantés par des maîtres de groupes. Elles sont données par un pâtre unique. Plus que par elles, mon fils soit prévenu : faire des livres multiples n'a pas de fin et beaucoup d'étude lasse le corps. Puisque Dieu fera venir toute œuvre en jugement sur tout secret qu'il soit bon ou mauvais, parole de la fin. Tout entendu, crains Dieu, garde ses ordres, car c'est tout l'homme.

(Qohélet 12.9-13)

En résumé, pour trouver la vérité, cherchons les sages, mais ne nous fatiguons pas à étudier plus que de raison. Contentons-nous de respecter  la Loi, car c'est là le lot de l'homme.

Quant aux différences entre les religions, pourquoi ne pas y voir la volonté de Dieu. Rien ne se passe, en effet, sans qu'il ne le veuille :

Et moi, je suis leurs pensées et leurs œuvres. Je viens pour rassembler toutes les nations et les langues. Ils viendront, verront ma gloire.

(Esaïe 66.18)

Selon Esaïe, les actes et les pensées seront suscités par Dieu lui-même. Il n'est donc plus question de médiateur. Quant à Jérémie, il va plus loin en affirmant que le média est falsifié. Il faut dire qu'à l'époque, l'imprimerie n'existait pas et l'exactitude des reproductions était tributaire de la rigueur et de la fidélité des scribes :

Comment pouvez-vous dire : nous sommes sages, car la Loi de YHWH est avec nous ? Aussi, voici que le burin des scribes fait le mensonge : Ils sont confondus, les sages, effondrés. Ils ont été capturés, par la parole de YHWH, ils sont rejetés. Qu'est donc la sagesse pour eux ?

(Jérémie 8.8-9)

En comparant plusieurs traductions, on se rend compte qu'encore à l'heure actuelle, le livre est manipulé au gré de chacun. Probablement est-ce là aussi "tout l'homme" ! Mais heureusement le message global, la Loi d'amour et de respect ressort inexorablement de toutes les manipulations. En fait, la connaissance de la Loi n'échappera pas à celui qui la cherche et en fin de compte, Dieu finira toujours par avoir le dernier mot :

Un cœur sensé acquerra la connaissance et l'oreille des sages la rechercheront.

(Proverbe 18.15)

Le cœur de l'homme étudie sa route, mais YHWH dirige ses pas.

(Proverbes 16.9)

Oui, les querelles à propos du culte sont stupides, car la justice triomphe de tout :

La justice de l'intègre redressera sa route et dans son crime tombera le coupable. La justice des droits secourra et par des lamentations, les traîtres seront saisis. Par la mort, l'homme coupable perdra son espoir et le désir des fraudeurs est perdu.

(Proverbes Il.5-8)

En effet, pour aller vers Dieu, il faut avant tout emprunter le chemin de la Justice, du respect des autres, de l'amour, de la bonté :

Car je désirais la bonté et non le sacrifice, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.

(Osée 6.6)

Sion sera sauvée par la justice et ses repentis, par l'équité.

(Esaïe 1.27)

Ainsi parle YHWH : Gardez le droit, pratiquez la justice, car mon salut est près d'arriver et ma justice de se découvrir. Heureux l'homme qui fait cela, le fils d'Adam qui s'y tient, gardant le Sabbat sans le profaner, gardant sa main de faire aucun mal.

(Esaïe 56.1-2)

Le respect du Sabbat est donc bien le pilier de la bonne conduite. Jour de repos, il est aussi une forme de respect du travailleur et de l'humain chargé de la mission post-créatrice. Il est aussi respect de la création par le chômage tant des animaux que des hommes, de leur corps et de l'esprit de ces derniers. Par là, il est encore célébration des liens familiaux et détente pour la société. Enfin, jour de cessation, il est un frein à la convoitise des hommes, une limite à la recherche de productivité. Mais surtout, jour de commémoration, il privilégie la relation entre Dieu et l'homme.

Le Sabbat libérateur

Nous l'avons vu, le jour de cessation n'est pas rien qu'une pratique, un rite dont il faut s'acquitter pour être agréé de Dieu. En effet, en dehors de tout contexte religieux et de toute croyance, il est le jour de repos hebdomadaire dont la société a besoin. C'est une halte nécessaire, une rupture dans l'écoulement des jours, une pause pour souffler, tant au niveau de l'individu que de la communauté. Si de nos jours, tout ne peut pas s'arrêter tout à fait, au moins l'activité ralentit, la tension diminue. Il ne faut pas non plus que la ménagère passe sa journée devant ses fourneaux pour mieux recevoir ses invités ou servir sa famille, car pour elle, ce ne serait pas un jour de repos. Mais c'est vrai que le lot des femmes modernes est trop souvent de s'essouffler sans trêve. Et pour l'homme, il y a la voiture à laver, une chambre à repeindre, le jardin... Non, arrêtez-vous ! Regardez les enfants grandir, le soleil et la lune, tout ce qui est beau sous le jour et dans le cœur des hommes. Détendez-vous !

Le but de la Loi est de rendre l'homme heureux. Alors, dans la société moderne où l'on court tant, le repos hebdomadaire est plus que jamais nécessaire, même pour les non-croyants. Il est pour tous une nécessité vitale, un moyen de lutte contre les tensions de la vie, le fameux stress.

La sagesse trois fois millénaire de la Torah est donc indubitable. Par contre, Jésus a bravé le Sabbat tel qu'il était imposé par les autorités religieuses de son époque :

Jésus leur dit "Je vous interroge : Est-il permis, le jour du Sabbat, de faire le bien ou de faire le mal, de sauver un être ou de le perdre ?" Et, les regardant tous à la ronde, il dit à l'homme : "Etends la main". Il le fit et sa main fut guérie. Eux furent remplis de fureur. Ils se demandèrent entre eux ce qu'ils allaient faire de Jésus.

(Luc 6.9-11)

Cette guérison d'une main paralysée n'est qu'un exemple parmi tous les prodiges qu'a accompli Jésus le jour du Sabbat. Voilà que ses disciples : ont même osé arracher des épis en marchant ! "Ce n'est pas permis", lui dirent les Pharisiens. Alors, après avoir fait référence au roi David, il leur dit :

Le Sabbat a été fait pour l'homme et non l'homme pour le Sabbat. Ainsi, le fils de l'homme est maître même du Sabbat.

(Marc 2.27-28)

Voilà ! Dieu a "cessé" sa création pour la confier à l'homme. Du Sabbat, il a fait un espace privilégié pour que l'homme puisse s'élever, et non un code d'interdictions, de contraintes asservissantes. Bien plus : interdire serait même plutôt contraire au principe du Sabbat. Ce jour-là, en effet, l'homme doit se libérer de ses contraintes humaines et non pas s'aliéner à des règles au point d'en perdre le sens critique.

En transposant le Sabbat au dimanche, les chrétiens lui ont donné une signification supplémentaire : le Jour de "chômage" est devenu aussi la commémoration de la résurrection du Christ, preuve et symbole de la victoire de la transcendance, de la sanctification de l'esprit.

Par le Christ, le Sabbat a cessé d'être une liste d'interdictions et d'obligations. Il est redevenu le jour de jouissance empreint de L'Esprit de Dieu. Il a repris ses significations profondes que des habitudes cultuelles et des siècles de turpitudes historiques lui avaient fait perdre.

Mais aujourd'hui, où en sommes-nous ? Qu'avons-nous fait du Sabbat ?


Table des matières


Chapitre précédent

Chapitre suivant


Mémoire de Microscope, Dix Paroles pour une Vie paisible, Ceux du Forbot : Trois e-books à télécharger gratuitement ou à lire en ligne en toute légalité. - Copyright : Christine Longrée - Dinant (Belgique)